Ces brasseries mythiques qui ont fait battre le cœur de Limoges
Ce tour de ville insolite, réalisé avec la complicité de l’historien Paul Colmar, présente cette semaine les hôtels et les brasseries qui faisaient la fierté de la ville.
La taverne du Lion d’or, le Royal, le Tortillard ou encore le Rond-Point ont laissé des souvenirs. (Si certains peuvent sembler incomplets ou inexacts, si vous avez des témoignages, des anecdotes à nous confier, il n’est pas interdit de nous écrire !)
Le tortillard
Au 6 boulevard Victor-Hugo. Baptisé ainsi, car le chef, André Bonnichon, avait disposé ses tables dans des wagons reconstitués. L’une des spécialités de l’établissement était la truite à la Ségurel en hommage au célèbre accordéoniste corrézien. Ce dernier, avait offert à la gare de Limoges, les six premières notes de son titre Bruyères Corréziennes, utilisées comme générique pour les annonces de train.
Lorsqu’il venait dans les studios de Radio Limoges, situés juste à côté, l’artiste dégustait ce plat signé de son nom. Mais il y avait sur la carte, d’autres plats qui ont fait la réputation du lieu.
La taverne du Lion d’or
Rue Fitz-James. Le lieu était très chic. La décoration avait une connotation alsacienne et les vitraux de Francis Chigot laissaient filtrer une lumière très particulière.Mais voilà, lors des travaux orchestrés par la municipalité de Limoges dans les années soixante, sur la place la plus prestigieuse de la ville, le Lion d’or n’a pas résisté. Bulldozers et tractopelles ont imposé leur loi.
Seuls restent les souvenirs. Le chef Bonnichon était le spécialiste, entre autres, des sauces…
Le bar du Rond-Point
Place Carnot. Ce bar-brasserie a laissé des souvenirs mémorables. Certes, le jour, il avait sa clientèle. Les habitués étaient les clients et les commerçants des petites halles Carnot. Mais c’est lorsque le soleil se couchait qu’il exprimait toute son originalité. Les oiseaux de nuit y avaient construit leur nid.
Avant de rejoindre les boîtes de nuit disséminées un peu partout en ville, ils se fixaient rendez-vous au Rond-Point pour définir les contours de la virée à venir. Et le matin, avant de rejoindre leurs pénates, ils y faisaient le débriefing.
Le Royal
Place de la République. « Le Royal » est à Limoges ce que Sénéquier est à Saint-Tropez ou Pouchkine à Moscou. Ce lieu fait un peu partie du patrimoine limougeaud.
Inaugurée en 1961, cette brasserie phare de la Place de la République, était un spectacle à elle toute seule. Les propriétaires de voitures de luxe, par exemple, se garaient n’importe comment. Et lorsque le serveur demandait à qui appartenait la Ferrari ou la Porsche qui obstruait le passage, le pilote se levait, faisait tourner les clefs dans sa main et bougeait l’auto en prenant soin de faire vrombir le moteur.
Les consommateurs, contraints à se taire, admiraient la prouesse et une fois le "frime-show" terminé, reprenaient leurs conversations. Certaines âmes pittoresques sont parties. Mais le Royal tient bon.
Le Central
Place de la République. La place de la "Ré", à l’époque, était coupée en deux. Il y avait les « royalistes », un peu chicos et frimeurs, et les « centraliens », plus décontractés. Fidèles à la brasserie Le Central, ils ne traversaient pas la place et ironisaient sur la clientèle du bar d’en face. Il n’y avait pas de voitures luxueuses devant ce bar tabac presse. La clientèle était composée d’étudiants cools et de joueurs. Les conversations politiques n’avaient rien à voir avec celles échangées au Royal.
Les deux établissements n’avaient rien à voir l’un avec l’autre, mais ils avaient leur charme. Les sans opinions fixes et les fumeurs naviguaient entre les deux lieux. À l’époque, sur la place, on menait une belle République.
--> Textes PAR Jean-François Julien. Photothèque PAR Paul Colmar (LE POPULAIRE DU CENTRE)
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